Article publié le 19 décembre sur le Huffington Post, par Marie-Josée Roy.
Une fable portant sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, l’être humain et l’échange entre les générations : voilà comment le directeur artistique Hugo Bélanger perçoit Pinocchio, le conte qu’il mettra en scène à compter du 22 décembre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts. À mi-chemin entre l’univers fantaisiste décrit dans le roman de Carlo Collodi paru en 1883 et celui poli plus tard par le lustre de Disney, le Pinocchio du Théâtre Tout à Trac entremêle masques, marionnettes et jeu d’acteurs pour nous faire découvrir les mille et une facettes qui se dégagent de ce récit intemporel. Celui-ci est peut-être, en effet, moins merveilleux et bon enfant qu’on pourrait le croire…
« En fait, Pinocchio est une allégorie sur la vie humaine, fait valoir Hugo Bélanger. On naît petit, on vieillit, on a différents choix à faire, le temps fait son œuvre, les actions nous forgent et on doit subir les conséquences de nos gestes. Dans le roman, Pinocchio n’est pas comme dans la version de Disney, c’est-à-dire un pauvre petit enfant naïf, qui se fait diriger là où on l’emmène. C’est plutôt lui qui prend les mauvaises décisions, qui refuse de travailler, qui est entêté et impoli. Il lui arrive de mauvaises choses, mais c’est à cause de lui-même, pas parce qu’il se fait tromper et qu’il fait pitié. »
La troupe de Tout à Trac avait déjà tenté l’exercice d’adapter sur les planches un classique des histoires pour enfants en reprenant Alice au pays des merveilles, l’an dernier (le spectacle est toujours en tournée et sera présenté à New York et à Taiwan en 2013). On avait alors remodelé les figures mythiques du monde de Lewis Carroll pour en extraire toutes les symboliques, et on renouvelle le procédé avec Pinocchio. Cette fois, notre protagoniste principal devra affronter Mangefeu, un directeur de théâtre de marionnettes peu commode, et composer avec de drôles de bêtes, comme Monsieur Renard et son acolyte, Le Chat. Il s’enfuira aussi du pays des jouets et devra tirer son créateur, Gepetto, des griffes d’un terrible monstre.
Mais, surtout, l’attachant morceau de bois qui aspire à devenir un vrai petit garçon apprendra simplement à vivre, à travers les mille obstacles et tentations qu’il croisera sur sa route et qu’il devra contourner. À la fin, l’égoïste marmot se sera transformé en un être généreux qui prend soin de son père et d’autrui.
« C’était important, pour nous, de ramener le côté délinquant que Pinocchio avait à l’origine, explique Hugo Bélanger. Les tentations qu’il devra combattre sont encore très actuelles; on n’a même pas eu besoin de les moderniser sur scène, puisqu’elles sont déjà là. Le succès instantané, le vedettariat, l’investissement facile, les escrocs qui exploitent les failles des gens… »
Une version anglaise
Si la pièce a été pensée pour plaire aux bambins de 5 ans et plus, Hugo Bélanger tient néanmoins à servir un avertissement aux parents : leurs tout-petits pourraient être effrayés par certains passages de la saga.
« Il y a des moments sombres dans Pinocchio, prévient-il. Parfois, c’est difficile, comme lorsque le personnage se transforme en âne, dans la forêt. Il y a toujours des parties sombres dans les contes. Mais les parents connaissent leurs enfants. Il y a des enfants de 7 ans qui ont peur de tout et des enfants de 4 ans qui n’ont peur de rien! »
Le metteur en scène et ses complices du Théâtre Tout à Trac caressent bien sûr de grandes visées sur le plan international pour Pinocchio, d’autant plus qu’il s’agit de l’épopée la plus musicale que la compagnie aie créé depuis ses débuts, en 1998 (même si ce n’est pas une comédie musicale à proprement parler). Seulement au Québec, 70 dates sont arrêtées dans leur agenda de tournée. On s’attardera ensuite à modifier la production pour l’exporter ailleurs.
« On est en train de négocier pour présenter une version anglaise à Toronto et à Nashville, précise Hugo Bélanger. Mais, pour l’instant, on se concentre sur le spectacle en français avant de travailler sur le côté anglophone. »
Pinocchio tiendra l’affiche de la Cinquième Salle de la Place des Arts du 22 au 30 décembre, à raison de deux représentations par jour (11h et 15h). Pour informations ou pour se procurer des billets, on consulte le site de la Place des Arts ou on téléphone au (514) 842-2112.